Deconstruire les stereotypes par Yes Photographies
- Yohann Elhadad

- il y a 2 jours
- 2 min de lecture



On dit souvent qu'une image vaut mille mots. Le problème, c'est que si on ne fait pas attention, elle peut surtout répéter mille bêtises. La photographie n'est pas neutre. Dès que je cadre, je choisis ce que je montre et ce que je cache.
Dans ma pratique, je vois le stéréotype comme un bloc de pierre mal dégrossi. C'est la vision paresseuse : la "femme objet", le "pauvre", l'"exotique". C'est facile, c'est visuel, mais c'est vide. Mon passé de sculpteur me pousse à l'inverse : je veux aller chercher la texture réelle, l'accident, la vérité de la personne en face de moi.
C'est là que se joue l'éthique du photographe. Refuser le Male Gaze (ce regard masculin qui transforme la femme en produit), c'est déjà un acte politique. Quand je photographie un nu ou un portrait, je ne cherche pas à faire entrer le modèle dans une case "sexy" ou "victime". Je cherche la puissance.
Regardez le travail de légendes comme Dorothea Lange ou, plus récemment, le projet Humans of New York. Ils n'ont pas juste pris des photos ; ils ont forcé le spectateur à voir l'humain derrière l'étiquette sociale. À mon échelle, c'est ce que je tente à chaque séance : utiliser la lumière pour briser la caricature et révéler l'individu. C'est moins confortable que le cliché, mais c'est la seule image qui reste vivante.
Pour vous donner un exemple concret, j'ai fait un thème sur les 7 péchés capitaux. L'Avarice est souvent représentée de manière laide, recroquevillée, mesquine. Pour moi, et surtout dans l'esprit "Femmes Libres", on doit prendre le contre-pied : une Avarice impériale, une femme qui possède tellement qu'elle en devient la matière elle-même. On va traiter l'or non pas comme une richesse, mais comme une texture envahissante, presque une armure. C'est ça veiller à ne pas tomber dans les stéréotypes.
En studio, le travail de lumière était chirurgical. Il fallait que ça brille, mais sans faire "bling-bling". J'ai cherché à donner du relief aux maillons, à faire ressortir le tranchant de la couronne. Le modèle ne devait pas sourire ni séduire. Elle devait incarner la possession pure. Elle ne regarde personne, elle est absorbée par ce qu'elle tient, par ce qu'elle porte.
Le résultat est cette image graphique, dense, où l'humain disparait presque sous l'accumulation. C'est une statue vivante, figée dans son propre désir de possession. Pour le dire en une phrase, c'est le passage du stéréotype à l'archétype voilà mon approche pour deconstruire les stereotypes dans mon studio yesphotographies.
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Yohann









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