Histoire d'un shoot - Marre de la censure 2/2
- Yohann Elhadad
- 25 juin 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 22 heures
Lors d’un précédent article, je vous parlais de ma relation à la fois tumultueuse et créative avec la censure sur Instagram. Vous pouvez retrouver ce premier billet ici : Marre de la censure – 1/2. Aujourd’hui, je vous propose un nouvel épisode, une suite artistique née de cette même frustration, mais portée cette fois par une inspiration directe : le travail d’un artiste new-yorkais que j’admire profondément.
Daniel Maidman : l’inspiration d’un détournement
Sur Instagram, je suis depuis longtemps le travail de Daniel Maidman, un peintre et dessinateur basé à New York. Il m’a toujours fasciné : ses dessins, d’un réalisme émotionnel troublant, sont à la fois sensibles et puissants. Je lui ai même commandé un jour un portrait de ma compagne, réalisé à partir d’une de nos photos. Le résultat est tout simplement époustouflant.
Mais un détail m’a interpellé : aucune censure sur ses publications. En creusant un peu, j’ai compris que les règles d’Instagram étaient plus tolérantes pour les œuvres dessinées ou peintes. Un nu en photo est souvent supprimé ; un nu dessiné est beaucoup plus souvent épargné.
Histoire d'un shoot - Marre de la censure : et si je dessinais… dans mes photos ?
C’est de là qu’est née l’idée : intégrer un effet de dessin directement dans mes photos pour jouer avec les limites de la censure. Un clin d’œil ironique, une manière de questionner visuellement l’absurdité des algorithmes.
Un jour, avec ma compagne @ange_ofgwen et notre amie @roza.novarchuck, nous avons donc décidé de tenter ce détournement artistique et voyou, comme un jeu de cache-cache avec la machine.
Le résultat ? Des photos hybrides où la nudité devient dessinée, où le corps est à la fois suggéré et affirmé, où la contrainte devient moteur de création.
Le processus technique
Pour créer ces images, nous avons procédé avec deux prises de vue successives :
une première photo avec une grande feuille blanche A2 placée devant le corps ;
une seconde photo, sans la feuille, mais sans changer la pose ni la lumière.
Dans Photoshop, j’ai utilisé le masque de la feuille pour isoler avec précision les parties du corps visibles, tout en conservant les ombres et reflets sur le papier. J’ai ensuite appliqué un filtre de transformation en dessin sur ces zones, créant ainsi un effet de "photo-dessin" parfaitement intégré dans l’image.
Une réflexion artistique et une réflexion de société
Au-delà du jeu graphique, ce travail questionne : pourquoi un téton dessiné serait-il plus acceptable qu’un téton photographié ? Quelle est la valeur symbolique que nous accordons à l’image, selon qu’elle soit picturale ou photographique ?
Instagram tente de modérer les contenus sensibles… mais en procédant de manière automatisée et souvent incohérente. En jouant avec cette absurdité, cette série vise à ouvrir un espace de réflexion, tout en s’inscrivant dans une tradition artistique de la transgression douce.
Histoire d'un shoot - Marre de la censure : N'hésitez pas à liker ou à commenter cet article ! C'est motivant d'en parler avec vous :)
A bientôt
Yohann
Bien vu ce détournement de la censure , De plus c'est très réussi !
Cela me rappelle qu'une fois j'avais publier une photo sur instagram ou facebook en rajoutant de mémoire ce commentaire " Le comble pour un photographe qui est contre la censure est de se censurer soi même pour pouvoir montrer son travail avec une modèle " .
Merci encore pour ce partage YES PHOTOGRAPHIES
Justement je m’étais posé cette question en voyant ces photos il y a un moment , je pensais que tu avais dessiné un rectangle et changer les couleurs par Photoshop donc super intéressant de savoir comment ça a été réalisé.